Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Reçue à Valence, le 07 janvier 1574.
2Monseigneur, il y a environ ung moys que passant par icy ung de voz
3genlz, je luy priay vous presenter mes très humbles recommandations et que
4je vous iroys faire la reverence incontinent que ie seroys hors de prison
5out je suis debtenu à grand tort et sans cause par le gouverneur
6de se lyeu de son authorité privée questant moy eschapé des
7huguenotz de Vitrolles, lesquelz me poursuyvant pour me meurtrir,
8je me vins rendre icy penssent avoyr faveur du susdit gouverneur,
9lequel au pourchas des henemis qui luy dirent que jestoys riche et
10de bonne mayson les ayant constitués prisoniers les relaxa et
11memist à leur place sans mandement aulcung de cez suerieurs,
12ny des myens, encores que je lieusse dict que jestoys appuyé de
13monseigneur d’Ambrun, lequel vouloys aller trouver pour luy comminuquer
14quelques afères dimportence concernant le service du roy et
15mesmes pour luy declayrer quelque entreprinse que les henemis
16brasoynt tant sur luy que contre plusieurs aultres seigneurs
17de ce pays ; et parce que vous estes de la partie, je dict à votredit
18home questant hors des prisons après avoyr parlé à monseigneur
19d’Ambrun, je ne fauldroys vous aller fère la reverence et fère entres
20chose à votre grand profict et attendant ma dellivrance par le moyen
21de mondit seigneur d’Ambrun qui, estant adverty de ma debtention la pluroyt
22et en ce faysent, la maulvays sortans a volu que deux paquetz
23quil avoyt desparties pour le faict à monseigneur de Laborel, furent
24et ce pendent sen est allé, aydent que je le suyve après, mais
26au contrère je suis encore icy tiranisé de ce cruel Neron qui
27relaixe les huguenotz et tient les catholiques en prison
28sans ocasion pour destourner plusieurs biens grandz services que les
29jeusse peu et pourroys à sa magesté et à plusieurs seigneurs
30de marque de se pays, se que jay bien volu vous faire entendre
31secretement car il ne me permect descrire à persone, craignant je
32ne soys dellivré sans fère omaige danbre, crogue que dalours ou
33dencens et suis marry davoyr tant attendu, combien que je
34cuydoys questant adverty par votre home auquel javoys vidé
35[217 v°] le faict, eussiés escrit à mondit sieur d’Ambrun peult estre que voz
36letre en eussent raporté melheur fruict que les aultres parquoy
37si vous avés le moyen de mayder à procurer madite liberté,
38oultre la perpetuelle oblygation que jje vous en auray toute ma
39vie, jay daultre part comodité de vous fère ung service remarcable
40pourveu que soyt le tout mené discretement, sans evanter aulcune chose
41afin que lhenemi qui guette nuict et jour ne puysse apercepvoyr
42notre intention qui se vouyant peu ou pro[u] descouvert, on ne pourroyt
43latraper sy ayseement come on fera si le faict est menié prudemment ;
44et sil vous plaict mescrir aulcune chose faictes que soyt en
45excrivant à monsieur le precheur par le moyen du quel je pourray recevoyr
46prend festes à Lyon que si aviés moyen de promptement liescrire
48et fère entendre come je suis encores dobtenir ayant esteés ces lettres
49prinses en chemin quil escrivoyt en ma faveur, aussi de
50ladvertir de nescrire à aultre quà cedit gouverneur pour regard de
51ma dellivrence, car il ne faict rien pour persone, encor ne say
52sil fera rien pour ledit sieur d’Ambrun tant il est altier, bien que je
53croys que si voz letres avoynt bonne conduicte seroyt (barré : por]
54possible quavant que ledit sieur d’Ambrun fust departy de Lyon, il les
55auroyt et les ayant receue, je ne fais aulcun doubte quil
56nescrvit de la bonne encre à cedit gouverneur qui me
57dellivreroyt et au partir dicy avec voz genlz, je men iroyn de part
58devers vous pour vous monstrer au doigt et metre toutes
59choses en voz mains et en votre pouvoyr sur peyne de ma vie
60proveu que vous ne gastiés rien en parlant à voz domestiques
61sans fère aulcun semblant, come si [ajouté : ce] nestoyt rien plus quau
62paravant, tant aux grandz quaux petitz usant de dilligence
63sur toutes choses et bien secretement. Je parleray aveques
64monsieur le precheur, vous advisant que dhors en là, il ne fault
65plus rien metre par escrit pour le dangier de perdre tout
66à tant. Je feray fin, après avoyr salluer très humblement voz
67bonnes grace, je prie Die[u] quen heureuse santé, il vous doingt
68[218] monseigneur, lentier contantement de voz desirs. A Sallard,
69le XX4 jour dessembre 1573.
70Votre très humble serviteur
71A jamais Cosme de Candolle
72sieur de Jullians en provence
73Je vous envoye le double de la lettre que
74monsieur d’Ambrun escrivoyt pour ma
75dellivrance que fust vollée des
76huguenotz